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Editrice au bord de la crise de nerfs

14 mars 2009

C'est la crise

Ils le disent sans arrêt à la TV à la radio dans les journaux alors ce doit être vrai

Hold-up planétaire
on s'est bien fait baiser

Avant on le savait pas
maintenant avec les infos, tu te fais baiser, on te le dit, on te le montre, on te dit qu'on pouvait pas faire autrement et en plus que ça suffit pas
je sais pas vous mais moi ça me fait culpabiliser
de pas pouvoir donner plus à ceux qui en ont besoin
aux banques et au secteur de l'automobile
en même temps ça me fait flipper toute cette thune,
d'où elle sort ?
il avait dit qu'il n'y en avait plus
heureusement dans Télérama, j'ai lu que c'était comme jeter de l'argent dans un puits sans fond, alors j'imagine qu'au bout d'un moment ils vont s'en rendre compte
qu'il faut trouver des vraies solutions

Y'a plein de gens qui ont des solutions

Interdire la spéculation, supprimer les stocks-options
Investir dans la recherche,
les véhicules propres, les énergies renouvelables
Développer les services à la personne
Libérer les normes afin d'encourager l'autoconstruction, le compostage, la récupération des eaux de pluie
Manger moins de viande
Acheter moins, mieux, plus près, au meilleur moment

Mais non, ils continuent de fourguer notre thune aux mecs qui ont fait joujou avec et qui ont tout perdu, mais c'est pas grave, on leur en donne encore, pour qu'ils puissent nous la reprêter, mais le problème c'est qu'ils veulent plus parce qu'ils nous font pas confiance !!!

J'ai bien conscience de ne pas cerner tous les tenants et les aboutissants
Je suis juste une gonzesse qui publie des livres que les libraires vont payer, et qui seront retournés dans 3 mois, alors le libraire aura un avoir et il pourra nous racheter des nouveautés, les mêmes livres ou presque... dans l'intervalle, y'a un mec qui se sera fait deux fois de la thune, le distributeur, à l'aller et au retour (pour emballer le paquet et le redéballer).

jesus_money_changers_temple
Je me dit que des fois j'aimerais qu'un mec comme Jésus débarque cheveux aux vents et crache à la gueule des marchands, et nous parle d'amour et de respect des pauv'cons








aubry_200Ce matin, Martine parlait des salariés,
j'ai vomi








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24 janvier 2009

My boat


Découvrez Melissa Laveaux!
24 janvier 2009

Meuh

culdevacheDieu est méchant alors nous ne verrons plus Dieu.

Une loi est tombée, à tranchant double comme ce doit : afin de vous protéger de Son courroux, les Intermédiaires désormais porteront votre parole à l'être Divin.

Vérité ou manigance ? depuis quand les veaux ne vont plus à l'abattoir ?Et quelle confiance accorder aux Intermédiaires ? ne vont-ils pas trahir la parole ?

Choix nous n'avons pas. Seule obéissance devons. Car divines mamelles nourricières.

Depuis, beaucoup de temps passé à ruminer : de la tête à l'estomac, de la panse à la pensée : Dieu n'a que mépris pour nous, et vice-versa. La Maison de Dieu n'est plus que vache géante appeurée, courbe l'échine pour herbe verte brouter. Gaver, remplir toujours plus la panse et vider la pensée, dans un seul but : chier et chier encore de  jolies bouses bien molles et sans angle serti, non, bien arrondies afin que moult mouches viennent lécher et satisfaire gourmandise, remplir panse et vide pensée.

4 décembre 2008

Merci

Joie. Quel joli mot. Proche de jouissance en plus court. Comme un instant fulgurant sans la plénitude du bonheur. La joie de l'éditeur c'est une réponse au bout du fil : un monsieur/madame tout le monde qui se révèle auteur potentiel. Qui pendant quelques mois va mettre sa vie entre parenthèses pour s'assoir devant son ordinateur et poser des signes qui deviendront un texte puis un livre. C'est bientôt Noël alors je voudrais vous faire cadeau d'un merci, à vous hommes et femmes qui sacrifiez de précieuses heures de vos existences sans doute bien remplies pour enrichir les éditeurs. Ne soyons pas dupe, la générosité est comme le reste soumise à la loi du gagnant gagnant. Vous espérez sans doute reconnaissance et éternité, laisser un petit quelque chose de votre passage sur terre... Et qu'importe après tout que personne ne l'ai lu, tous vos proches vous diront que votre livre est formidable. Vous vous sentirez légèrement supérieur à vos semblables puisque vous avez votre nom sur une couverture, et ce petit pavé de papier à serrer comme preuve que vous avez été distingué du commun des mortels. Et après tout n'est-ce pas le même but poursuivi par l'éditeur ? Laisser de petits pavés derrière lui, comme le petit Poucet sème ses miettes de pain... et qu'importe si les corneilles s'en emparent... Ils nous auront procuré de la JOIE.

11 novembre 2008

SD


Tu m'avais serré fort avant de te détourner,
probablement encore un dernier geste de la main, et ton sourire sans les yeux,
et puis tu étais monté dans le camion,
tu nous avais quitté pour une nouvelle vie.
Je n'en reviens toujours pas que tu sois parti.

On avait essayé de faire des blagues pour te faire rire
Pour rire et remplir le silence
La pièce où tu avais vécue emplie de livres, ceux que tu ne voulais plus et que tu nous donnais
On a bu du vin une dernière fois

Après je ne sais pas.

 

Je sais pas grand-chose en fait.

Que j’aime pas qu’on me touche mais que ça me touchait quand c’était toi

Je sais pas pourquoi.

Peut-être parce qu’on était bourrés

Ou que ça en disait beaucoup, comme un truc de toujours entre les Hommes, ce truc de ne pas se parler et de s’assoir épaule contre épaule, un truc d’animal blotti ou de l’enfance quand on nous carresse les cheveux.

 

Cet après-midi dans ton repaire est déjà un souvenir

Les banquettes zébrées et la serveuse avec une tresse dans le dos

Je nous y revois comme dans ces boules que l’on secoue pour regarder les flocons en suspension

Combien de temps vais-je t’y revoir ?

 

J’aimerais ne jamais terminer ce texte

Merci de m’avoir encouragée à écrire

Tant que j’écris je comble le vide

Causé par ton absence.


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26 juillet 2008

Galvanize


Découvrez The Chemical Brothers!

Oui ça va, et vous ?

A part ce rêve de corps auxquels il devait enlever la peau. Comment interpréter ces chairs blanches filandreuses à décoller des os ? Sous une peau de poulet rôtie. Pourquoi devait-il nettoyer les os d'humains à corps de poulet ?

Est-ce que ça a un sens ?

Un echo de son talent caché ? (il était imbattable pour curer une carcasse)

Etait-ce un reflet de lui-même ? qu'Ils avaient désossé ainsi.

Témoigner devant témoins. Comme ces rêves de mise à nue devant des inconnus.

Car les connaissait-ils ?

Non, bien sûr. On ne connait jamais vraiment personne.

Eux encore moins.

Ils avaient tous gardé leur putain de masque. Sauf lui.

Jeu du chat et de la souris. T'es la souris, et tu vas te faire bouffer parce que t'es pas dans un dessin animé.

Jeu de la vérité, si tu dis la vérité t'as un gage.

Ahahaha

Vas-y, dis ce que t'as vu et entendu. Vide ton sac. Et puis retourne dans ton bureau et fais comme s'il ne s'était rien passé. Comme si tu n'avais pas été acculé. Pas préparé. Sans préliminaires. Comme se faire enculer à sec.  Entre-nous, votre supérieur hiérarchique, a-t-il déjà eu des attitudes déplacées ? déplacées comme quoi ? comme te  séquestrer dans son bureau avec ses bavardages ? comme te faire un coup de pute tout en te souriant ? comme t'enrober de son paternalisme dictatorial ? comme de s'approprier ton boulot ? comme quoi hein ? comme te traiter de grosse alors que t'es enceinte ? comme quoi ? te faire croire que c'est toi qui crée des problèmes alors c'est lui qui ne sait pas les résoudre ? baver sur ta face auprès de ceux qui décident de ton avenir. Te faire tellement douter qu'après tu te prends pour une merde ? Vouloir te soumettre en affirmant son grade sans avoir aucune des compétences requises pour légitimer son poste. Te faire payer pour ça. Te faire payer pour ça et tout ce qu'il n'a pas. T'étouffer de ses frustrations.

Rien que de très banal, n'est-ce pas ?

Rien de bien méchant.

Comme une goutte d'eau s'écoulant toujours au même endroit sur ta peau.

Une goutte d'eau ne peut pas faire de mal, si ?

Du poulet en batterie.

 

22 juin 2008

Expulsions : l'Europe au karcher

Le projet de directive européenne " retour " qui se prépare est scandaleux.

 

Mercredi 18 juin sera soumis à l’approbation du Parlement européen le projet de directive dite " retour " visant à harmoniser les conditions dans lesquelles les migrants irréguliers sur le territoire de l’Union européenne doivent être détenus et " reconduits ".

 

Il apparaît avant toute chose nécessaire de rappeler la réalité que recouvre l’expression pudique de " retour ". L’expulsion est une violence qui multiplie les uns par les autres les traumatismes de l’arrestation inopinée, de l’emprisonnement, de la perte de son logement, d’une perte d’emploi, de la spoliation de la totalité de ses biens, parfois de la séparation brutale de son conjoint et de ses enfants, de la dislocation de tout lien avec son milieu et d’une reconduite contrainte, éventuellement assortie de violences.

 

C’est une humiliation dont on ne se remet pas. Le pays dans lequel on avait placé l’espoir d’une existence nouvelle, qu’on avait parfois bataillé des années pour rejoindre, vous rejette, vous expulse et vous dépose sans bagage sur un Tarmac où personne ne vous attend.

 

Même quand les expulsés ont des proches au pays, la honte les empêche parfois de les rejoindre : celui qui faisait vivre toute une famille est devenu une charge. Nombre d’expulsés finissent désespérés, désocialisés, à

la rue... Il faut que ceux qui votent la loi le sachent.

 

Le projet de directive européenne soumis aux parlementaires reflète en partie la brutalité du sort réservé aux sans-papiers : jusqu’à dix-huit mois d’internement pour le seul fait d’avoir franchi des frontières et de vouloir vivre en Europe ; rétention et expulsion de mineurs et de personnes vulnérables (femmes enceintes, personnes âgées, victimes de torture...) ; possibilité d’expulser des personnes vers un pays de transit, même en l’absence de lien avec ce pays ; interdiction de retour sur le territoire européen pour une durée de cinq ans de ceux ayant été expulsés ; absence d’obligation de fournir un titre de séjour aux étrangers souffrant de maladies graves ; application aux mineurs isolés de l’ensemble de ces mesures.

UN RÉGIME D’EXCEPTION

Officiellement, le projet de directive " retour " vise à encadrer les conditions de rétention et à en limiter la durée dans ceux des pays européens dont la législation tolère un internement théoriquement indéfini. Nous craignons qu’elle devienne la norme européenne sur laquelle vont être tentés de s’aligner tous les pays de l’Union. Pour preuve, l’Espagne vient d’annoncer le passage de sa durée maximale de rétention de trente à quarante jours et l’Italie de deux à dix-huit mois !

 

Si elles étaient adoptées, les dispositions du projet de directive " retour " placeraient les étrangers en situation irrégulière, même mineurs, sous un régime d’exception : internement à la discrétion du pouvoir, faiblesse des droits de la défense, bannissement. Comment concevoir qu’une institution censée incarner la démocratie à l’échelle de l’Union européenne envisage d’infliger un tel traitement à une fraction de sa population ?

 

Davantage encore que chacun des Parlements nationaux des Etats de l’Union, le Parlement européen a une responsabilité devant l’histoire. Du fait de son existence récente, il n’a pas été mêlé aux déchirements et aux tyrannies du passé européen. Il incarne au contraire un certain idéal, en rupture avec les conflits et les dictatures qui ont trop souvent marqué l’Europe. Sous peine de disqualifier son institution, le Parlement ne doit pas adopter ce projet de directive.

Gérard Aschieri est secrétaire général de la FSU ;

Francine Blanche est secrétaire confédérale de la CGT ;

Laurent Cantet est cinéaste ;

Marc Peschanski est chercheur ;

Aminata Traoré est ancien ministre de culture au Mali.

Article paru dans l’édition du journal Le Monde du 07.06.08 et premiers signataires.

Pour signer cette pétition :  http://www.educationsansfrontieres.org/?article13992

21 juin 2008

Bilal, sur la route des clandestins

" Dès que la serveuse pose sur la table les deux poulets rôtis, leurs mains les démontent morceau par morceau. Tous les cinq ont les cheveux, la peau, les vêtements, les bras recouverts d'une couche de poussière.
- ça faisait combien de temps que vous n'aviez pas mangé ?
Billy sourit comme quelqu'un qui vient d'entendre une bêtise.
On est stranded, mon ami. On peut pas se permettre de manger. En faisant la manche, on arrive à se payer un verre de gari, de l'eau sucrée. Et même ceux qui ont un peu d'argent de côté mais pas assez pour partir, ils le dépensent pas pour manger. Sinon, ils resteraient stranded pour toute la vie.
L'un après l'autre, ils racontent qu'ils sont bloqués à Agadez depuis deux semaines. Leur esprit regorge encore de projets, de rêves, d'envies de liberté. Sauf qu'ils ne parviennent pas à quitter la ville de boue rouge, parce que la vie quotidienne a emprisonné leur corps. Le manque d'argent. La faim. La poussière. Le coût du billet de plus en plus inabordable. Voilà d'où proviennent les esclaves du XXIe siècle. Voilà comment Ousmane, Djimba et Safira voyageront, si jamais leur âme se réveille et leur donne le courage de partir. Mais il ne suffit pas de se mettre en route. Tout à coup, un jour quelconque, l'esprit et le corps se scindent. Comme Billy et ses quatre amis en ont fait l'expérience. L'esprit veut s'en aller. Le corps reste stranded. Et lentement, jour après jour, la poussière s'empare de la vie d'une personne, elle encroûte ses cils et sourcils, elle lui sèche la gorge, avec son goût amer. Voilà leurs visages vus de près. La tragédie, c'est que jamais personne ne reconnaîtra qu'ils sont en train d'accomplir un acte héroïque. Jamais personne ne reconnaîtra que leur geste est un geste définitif qui n'a d'égal que l'effort pour naître. S'ils parviennent vivants en Europe, on les qualifiera carrément de désespérés. Alors qu'ils font partie des rares personnes au monde, qui chargées d'espoir, ont encore le courage de mettre leur vie en jeu."

24 mai 2008

Le bal perdu


Discover Bourvil!


Ils semblent tellement sûrs d'eux. Parlant fort et se touchant les couilles pour ponctuer leurs propos. Les femmes à la cuisine à parler de rien. Des enfants et jamais de ces hommes qui ne pensaient jamais à les satisfaire. Juste vider leurs couilles. Parler de rien autour de l'évier, des torchons à la main et des rires pour fermer leurs yeux.
Leur vie de petits riens, le marché le matin, les discussions sur la place, bonjour monsieur le maire, les enfants ne jouez pas avec l'eau de la fontaine, le ciel bleu au-dessus dont elles n'ont que faire, pas le temps, non, de s'allonger dans une chaise longue au soleil, inconcevable, que diraient les voisins ? et puis la chaise longue est rangée dans le garage.
Et puis il fallait que le repas soit prêt pour midi, aller cueillir les légumes au jardin, les laver, les trier, les cuisiner, aller attacher le chien pour le facteur, prendre le courrier, le trier, le ranger, appréhender les mauvaises nouvelles qui les mettraient de mauvaise humeur. Elles craignaient leurs cris, ils effrayaient les enfants, mais ils ne pouvaient se retenir, ils étaient fatigués il fallait les comprendre après une matinée de boulot, debout depuis l'aube, et tellement de soucis, la pluie ou le mistral, jamais là quand il faut, jamais assez ou toujours trop. Et elles les comprenaient. Mesurant leur déception au nombre de pilules. Elles aimaient parler à leurs docteurs. Voix et mains douces, les payer pour qu'ils les écoutent parler de ceux qui ne leur parlaient plus que pour donner leurs ordres. ça avait toujours été comme ça. Leurs pères leur avait montré comment faire avec les femmes. Alors, ce n'était pas de leur faute. C'était leur éducation. Et puis ça faisait du bien de parler, quelquefois ça les faisait pleurer. Alors après, elles allaient s'acheter une robe. Ou des chaussures. Elles savaient que ça allait faire des histoires. Qu'ils allaient gueuler et dire qu'elles en avaient jamais assez, que leurs mères n'en avaient pas tant, qu'elles se plaignaient tout le temps mais qu'elles étaient drues, leurs mères, elles, travaillaient comme des hommes la journée et le soir nourrissaient encore les hommes, et tenaient la maison fallait voir ça, des saintes leurs mères. Et là ils hochaient leur tête plusieurs fois avec ce regard qui en disait long et leur bouche serrée sur une moue de mépris. Mais ensuite peut-être qu'ils les trouveraient belles dans leur robe et leurs chaussures. Et alors ils oublieraient. Et les enfants seraient heureux de les voir danser, n'était-ce pas une preuve qu'ils s'aimaient ?

17 mai 2008

Peu importe le bouquet

ME0000051806_3Il aimait la peinture. ça l'aidait à tenir. Comme une paille dans sa bouche maintenue au-dessus du niveau de la mer. Lui en dessous avec ses semelles en plomb métal lourd non toxique. La peinture c'était son fil d'Ariane dans le bordel ambiant. Il se demandait des fois pourquoi il n'avait pas tout tenté pour éditer des livres d'art. Puisqu'il aimait ça. Il y pensait quand il oubliait la réponse, quand il était faible, sa conscience engourdie par l'alcool ou au contraire éveillée par la mort brutale d'un proche. Et puis ça lui revenait. Il avait pas eu l'occasion. La vie elle se fait toute seule si on n'y prend pas garde. On pèse des choix quand il y en a. Quand c'est le néant quotidien, le moindre plan est bon à prendre. Même si le plan c'est se retrouver à éditer des livres qu'il savait même pas que ça pouvait exister. Des livres pour apprendre à coller des stickers par exemple alors que le mode d'emploi est fourni avec (les stickers, pas les livres, faut pas prendre les lecteurs pour des cons non plus). Ou des livres pour apprendre à peindre des choses comme des champs de lavande ou des petits chats illuminés par un coucher de soleil sur une plage paradisiaque. En 10 étapes. Laissez votre créativité s'exprimer. Devenez artiste en 15 leçons. Il aimait pas mentir. Alors les phrases des quatrièmes de couverture il les pompait sur celles des concurrents. Enfin, au début parce qu'avec le temps ça venait tout seul. Pas les mensonges, les phrases toutes faites.
Et puis de toute façon le livre d'art était en crise. Ils avaient inventé le mai du livre d'art pour booster les ventes. Mais bon, les éditeurs mangent aussi les onze autres mois de l'année. La crise, c'était à cause de Taschen, qui avait cassé les prix avec son système d'impression en plusieurs langues (augmentation des chiffres de tirage = économie d'échelle). Les gens s'étaient habitué à acheter des livres d'art pas cher. Maintenant c'était foutu. Les autres s'étaient alignés. En rognant sur les marges. L'autre fautive c'était la RMN, qui publiait des catalogues d'expo sans payer les prix des reproductions et en faisant banquer les autres éditeurs qui empruntaient les clichés via sa photothèque. Enfin, c'est ce qu'on lui avait raconté. Mais c'est vrai que ça coûte cher de publier des livres d'art... surtout quand l'artiste est encore vivant ou mort depuis peu (moins de 70 ans). Les artistes morts depuis très longtemps c'est moins cher... c'est comme ça que se font les choix icono des livres d'art, beaucoup de vieux morts et peu de vivants... alors quand un éditeur investit dans une monographie d'artiste contemporain il a intérêt à faire coïncider la date de publication avec une exposition - et oui, c'est pas pour rien qu'à chaque expo les livres sur le même artiste poussent comme des champignons après la pluie... sinon on lui aurait cassé les couilles pour rien. Parce qu'en plus un artiste vivant, ça fait chier, comment lui expliquer que 4 encres d'imprimerie (cyan, magenta, jaune et noir) ne permettront jamais d'obtenir la couleur composée de quinze, vingt, trente teintes sur la palette ? Sans compter qu'il y a plusieurs pages imposées sur la feuille d'impression, les couleurs s'altèrent entre elles. Mais bon, il parait qu'ils veulent rien entendre. Ils persistent à mettre le bouquin à côté de la toile et à dire que c'est pas pareil.
Il aimait la peinture, mais bon les livres d'art c'était pas plus utile que la carte postale d'un lieu magnifique. ça rendait pareil, petit, plat et rectangulaire, alors qu'une toile elle l'emmenait. Loin. En lui, profond. Ou ailleurs. Des fois il en avait les larmes aux yeux. De suivre des lignes sur la toile comme un secret pour lui seul. Des fois il pénétrait la matière comme un univers parallèle. Et son coeur éclatait. Les éclats diffusés dans tout son corps. L'envie lui prenait de voler. La toile. De l'emmener loin des barbares qui écoutaient leurs audioguides les yeux au plafond, ou les cousins des barbares qui passaient plus de temps à lire les étiquettes qu'à regarder les oeuvres.
Fautrier___Bouquet__Galleria_Tega_Il aurait aimé leur rendre le silence et le face à face.
Le temps aussi.
Regarder jusqu'à s'oublier.
Peu importe le bouquet,
seule la peinture compte.








En haut : Femme à la potiche, Degas, 1872.
En bas : Bouquet, Jean Fautrier, 1928.


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