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Editrice au bord de la crise de nerfs
13 avril 2008

Madame rêve

free music


Elle cachait son visage derrière de grosses lunettes noires, lunettes de mouche, expression à la con quand on y pense, mais ce n'étaient pas ses lunettes, ni ses yeux derrière qui frappaient, non, ce qui attirait le regard comme aimanté, ce sont ses lèvres. Lèvres gonflées, comme une plaie, lèvres enflées, déformées, disproportionnées, caricaturales. C'était le résultat d'innombrables injections de Botox ou autre saloperie. Comment en était-elle arrivé là ? comment un connard de chirurgien esthétique avait pu lui massacrer la face à ce point. Qui des deux avait entraîné l'autre dans sa folie. Peau tendue et fine autour des lèvres, vergetures verticales tellement ça tirait, et partout sur le visage, peau translucide, comme du papier de riz, comme un masque aux pommettes saillantes, plus de chair en dessous. La femme aux lèvres qui écorchaient le regard perdue dans une navette assaillie d'ados dont la jeunesse était une insulte supplémentaire. Une momie au milieu des vivants. Pouvait-elle encore sourire ? Jean Chanel, petit veston en cuir, lunettes griffées Versace ou Gucci. Petit cul moulé dans un jean Chanel, quand elle s'est baissé, gaine couleur chair en dessous, gaine pour donner du modelé. Plus tard, un gars s'est approché d'elle, sur le côté, la regarde de haut en bas, rigolard, une femme prête à tout pour séduire, une pute, une pute avec une bouche de pute, une bouche de suceuse. Dans une boîte de nuit, on n'y verrait que du feu, ou à la télé, avec le maquillage. Envie de lui défoncer sa tronche. Est-ce qu'elle sait ? Putain de blessure quelque part, refus de vieillir, d'être laide et moche avec une bouche de vieille, sèche et poilue, batailler contre le temps, à tout prix, comme donner son âme au diable et payer le prix fort ensuite. Si elle était pauvre, elle aurait retourné les miroirs, laissé cette putain de pulpe s'assécher, ces putains de rides dessiner leurs motifs, et détruit son corps à coups de pinard acheté chez ED. Peut-être, j'en sais rien. Qu'est-ce qui cloche ? Société de consommation de corps et de visages jeunes et parfaits, partout tout le temps. Misère spirituelle, désoeuvrement, connerie, angoisse irrationnelle de la mort, fragilité...
Madame a rêvé.   

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Commentaires
E
@ Mû : l'Atlantique comme miroir, ce doit être beau, et flou avec la pluie... merci
E
On déconseille de démarrer une dissertation par ces termes pourtant bien pratiques : De tout temps les hommes ont pris des vessies pour des lanternes... De tout temps des petits hommes voulurent devenir grand... Le petit monsieur dilate mon quotidien, repoussant les limites de la normalité, bafouant les règles du jeu, m'étonnant toujours, comme si le matin en entendant les nouvelles je m'étais trompé d'époque ou de pays, la TV comme un théâtre de marionnettes sans que l'on ne prenne plus la peine de dissimuler les fils...
M
Madame rêve...Monsieur ronfle...ou politise selon l'heure de la journée.<br /> Moi je me frippe doucement, sans bruit, à moins que ce ne soit mon miroir qui frissonne quand il me voit ?<br /> Sais pas. M'en fout.<br /> Il pleut sur l'Atlantique et c'est beau.
C
Oui, de quoi j'me mêle...de m'infiltrer comme un pirate sur le Ponant, dans vos mots qui crient la famine de ce monde à l'envers de tout. <br /> <br /> Et d'avoir vu Silvio Sarkozy en lunettes noires, vous pousse t'il au bord?
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